Asexualité : que faire maintenant ?

Je pense que tout a commencé avec Virginie Despentes.

Je lisais son livre King Kong Théorie y'a, facilement, une dizaine d'années. Une citation est restée, et je la porte encore avec moi.

« On dirait qu’ils veulent se voir baiser, se regarder les bites les uns les autres, être ensemble en train de bander, on dirait qu’ils ont envie de se la mettre. On dirait qu’ils ont peur de s’avouer que ce dont ils ont vraiment envie, c’est de baiser les uns les autres. Les hommes aiment les hommes. Ils nous expliquent tout le temps combien ils aiment les femmes, mais on sait toutes qu’ils nous bobardent. Ils s’aiment, entre eux. Ils se baisent à travers les femmes, beaucoup d’entre eux pensent déjà aux potes quand ils sont dans une chatte. Ils se regardent au cinéma, se donnent de beaux rôles, ils se trouvent puissants, fanfaronnent, n’en reviennent pas d’être aussi forts, beaux et courageux. Ils écrivent les uns pour les autres, ils se congratulent, ils se soutiennent. Ils ont raison. Mais à force de les entendre se plaindre que les femmes ne baisent pas assez, n’aiment pas le sexe comme il faudrait, ne comprennent jamais rien, on ne peut s’empêcher de se demander : qu’est-ce qu’ils attendent pour s’enculer ? Allez-y. Si ça peut vous rendre plus souriants, c’est que c’est bien. Mais, parmi les choses qu’on leur a correctement inculquées, il y a la peur d’être PD, l’obligation d’aimer les femmes. Alors, ils filent droit. Ils renâclent, mais obéissent. Au passage, ils torgnolent une fille ou deux, furieux de devoir faire avec. »

En fait, je me suis rendu compte que j'aimais pas le sexe tant que ça.

J'aimais bien plaire, et faire plaisir parce que je croyais que c'était comme ça qu'on m'accorderait de la valeur. J'ai jamais ressenti l'extase sexuelle, le fait d'être perdu dans le plaisir. Je faisais de la performance.

Et puis, j'aime bien plaire, mais le sexe... non. Je faisais ça parce que je pensais que c'était ce que je devais faire : draguer, baiser, 'conquérir' des coeurs. J'imaginais me la ramener avec mes conquêtes. C'était égocentrique. Je pense que d'une certaine manière, après m'être assuré que les besoins/demandes de l'autre personnes étaient remplis (comme une checklist), je me masturbais avec le corps de quelqu'un d'autre. C'était malsain.

Mais... pourquoi est-ce que j'avais des crises de panique après le sexe ? Pourquoi est-ce que je plongeais ensuite dans une période psychologique très dure ? La réponse, c'était que je n'avais jamais aimé ça. Je préfère me masturber chez moi, tranquille. C'est pas du voyeurisme, ça, au fond ?

Depuis que je me suis avoué ça, je suis plus apaisé. Mes soirées à l'extérieur sont plus détendues, je n'ai plus l'impression de "rater un truc" en ne draguant pas, mes échanges sont plus authentiques, mais je suis aussi perdu.

Est-ce que c'est temporaire ? Est-ce que je suis vraiment asexuel, est-ce que je n'usurpe pas cette identité ? Comment je peux concevoir des relations amoureuses maintenant ? J'ai peur que la personne soit déçue si je lui dis que je suis asexuel. Et puis la drague c'est marrant, mais la personne s'attend à du sexe après non ? Si on doit passer un moment intime, je préfère des câlins.

Désolé si c'est confus. J'ai pas mal de questions qui se bousculent.