STB de garder le silence ?

TW Texte incroyablement long

Salut Reddit. Il y a environ un an, j'ai coupé les ponts avec une partie de ma famille après un "incident" de trop.

J'aimerais revenir aussi rapidement que possible sur ce qui s'est passé pour apporter du contexte et que vous compreniez la suite de l'histoire.

Je (24F) suis handicapée depuis mes 12 ans. On m'a décelé à l'époque une première maladie incurable.

Il y a 2 ans on m'en a diagnostiquée une deuxième, qui touchait cette fois-ci en particulier à ma fertilité. Sur conseils des médecins nous avons fait le choix de partir immédiatement en pma avec mon compagnon et ce fût clairement l'une des années les plus difficiles de ma vie.

Déjà, pour commencer l'année, j'ai dû courir entre plusieurs régions pour obtenir et confirmer mon diagnostique, puis faire pas mal de démarches pour être prise en charge. J'ai subis une multitude d'examens invasifs et douloureux, une première chirurgie qui a loupé. Nous avons fait notre première fiv, j'étais dans un état quasi constant de douleurs et j'enchaînais les mauvaises nouvelles.

La fiv fût un parcours du combattant. Les injections, la ponction, les effets secondaires, les effets sur ma santé... Je l'ai très mal vécu. Dans le même laps de temps j'ai tenté pour la seconde fois d'obtenir une place en master, sans succès. J'ai finalement trouvé une formation en distanciel dans un autre domaine que j'ai financé grâce à un prêt étudiant.

Notre première fiv a échoué, aucune accroche des embryons. Les médecins ont commencé à se montrer pessimistes sur nos chances de concevoir et les examens montraient que j'avais besoin d'une nouvelle chirurgie d'urgence mais le temps d'avoir la disponibilité du spécialiste il y avait plusieurs mois d'attente.

Je me suis donc retrouvée pendant plusieurs mois sous fortes doses d'anti douleurs, non stop pliée en deux. On m'a prescrit de l'alimentation liquide pendant 2 mois et cet état a fini par impacter ma santé mentale.

J'ai souffert d'idées noires, de déréalisation, d'épisodes d'hallucinations... Le manque de sommeil, de nourriture et la douleur constante m'ont plongé dans un état dépressif.

J'ai fini par prendre rendez-vous avec un psychiatre qui m'a mis sous anti depresseurs et anxiolitiques pour un trouble anxio-dépressif.

C'est dans ce context réjouissant que s'est tenu mon anniversaire.

De base, il devait se faire chez mon père, à deux heures de route de chez moi. Mais quelques jours avant, mon père m'appelle et me dit que mon grand-père ayant eu du laser sur ses reins, il ne peut pas prendre la voiture, donc, il fallait que mon conjoint et moi-même allions chez lui pour le début du we, puis chez mes grands-parents (2h plus loin encore) pour la journée de mon anniversaire, pour rentrer chez nous (2h30 cette fois) le soir même.

Je dis à mon père que je ne suis pas en état de faire plus de 6h de route en un we. Que je ne me sens pas bien. Mon père sait tout ce que je traverse, je l'ai au téléphone toutes les semaines et je lui ai toujours tout raconté. Y compris le diagnostique de dépression, les douleurs etc.

Il me répond que je suis jeune et que je dois faire un effort. En plus on fête l'anniversaire de la fille de ma belle-mère en même temps que le mien alors ça ferait vraiment tâche que je ne sois pas là.

Je me résigne à faire un "effort". J'explique quand même à mon père qu'il y a des choses que je ne peux absolument pas manger à ce moment-là (je dois subir une ablation de l'intestin) notamment le sucre raffiné ou les choses difficiles à digérer comme la friture par exemple. Il dit que je n'ai qu'à me ramener un panier repas, que ce sera moins compliqué.

Le we fut vraiment éprouvant. La fille de ma belle-mère a annulé sa visite en un coup de fil, disant qu'elle avait la flemme de venir et les parents n'ont pas insisté.

Ma belle-mère m'a fait tout un discours comme quoi si je fais une dépression, c'est que dans le fond, je le veux bien. Qu'en plus de ma formation je pourrai AU MOINS faire l'effort d'un mi-temps, que ses filles s'en sortent très bien alors pourquoi moi je galère, hein ?

Mon père rajoute sa petite pierre à l'édifice avec sa sempiternelle question : "quand est-ce que tu vas trouver un job ? Au moins alimentaire"

Ça fait depuis ma dernière année de licence que j'ai droit à cette question, tous les we. Mon père est tenu de me verser 250 euros de pension tant que je suis en études, et, bien qu'il soit très bien lotis financièrement, visiblement, ça l'emmerde.

Je lui répond que je ne suis pas en état pour suivre une formation et tenir un emploi actuellement, mon père grommelle mais laisse tomber pour le moment.

Arrive le jour de mon anniv et j'en suis à pleurer de douleurs malgré le tramadol. Mon compagnon commence aussi à grincer des dents à force d'entendre les reproches qu'on me fait à tout bout de champ.

On arrive chez mes grands parents et c'est franchement l'apothéose. À table, on nous ignore, nous coupe la parole le peu de fois où on l'a et je me prends des balles perdues à chaque fois que j'ouvre la bouche.

Par exemple, ma grand-mère me demande quand est prévu mon opération, je lui donne la date et elle répond du tac-au-tac :" ah mais ça c'est parce que tu ne sais pas taper du poing sur la table"

On me demande mon temps de convalescence et dans la foulée on me taxe d'exagérer. Que les médecins "annoncent toujours le pire de toute façon, faut pas les écouter".

Ma mère, qui n'est pas là, se fait gratuitement taxée de folle. Mes deux petites sœurs se font savamment ignorer tout le repas... Bref, ambiance de folie.

Bien sûr, personne n'a pensé au fait que je ne peux pas manger n'importe quoi, aussi ils ont préparé un poulet frites. Je demande discrètement à ma grand-mère si je peux plutôt prendre une compote, craignant déjà les maux de ventre... "oh dis, tu vas pas commencer à nous emmerder hein".

Bon.

Au bout d'une heure et demi à table, je commence à avoir très mal. On nous a mis dehors alors que je suis photosensible (chose que ma grand mère qualifie de lubie, mais c'est une véritable condition médicale) je commence donc à avoir des tâches qui apparaissent sur mes mains et mon visage.

Je grimace, pcq j'ai mal. Ce qui n'échappe pas à ma belle-mère qui me lance d'un ton acerbe "bah dis donc [mon prénom] t'as l'air vachement heureuse d'être là !"

Je réponds que non, que j'ai mal, que je suis fatiguée et que je n'ai pas envie d'être là.

Ma grand-mère s'est déchaînée sur moi. Disant que je suis ingrate, une égoïste, qu'ils ont tous fait l'effort de se réunir pour moi et que je fais la gueule...

Elle a voulu me virer de chez elle et quand elle a vu que je partais, elle m'a agrippée fortement, au point que mon compagnon a dû la détacher de moi manuellement.

Mon père est venu me voir dans la voiture pour une conversation que je qualifierai de lunaire : Mon père : "à te voir comme ça on dirait que tu fais une dépression" Moi: "je t'ai appelé il y a 3 jours pour te dire que je fais une dépression." Mon père : "comprends-nous aussi, on te voit aller mal... Ça nous donne envie de te mettre un coup de pied au cul" Moi : "parce que tu penses que c'est ce qui va m'aider ?" Mon père :"le prends pas comme ça... Fais un effort, viens manger un bout de gâteau au moins" Moi: "MAIS JE NE PEUX PAS MANGER DE SUCRE !"

Mon père a fini par nous laisser partir. J'ai pleuré de façon hystérique une bonne partie du voyage jusqu'à ce qu'on tombe en panne au milieu de l'autoroute.

C'en est suivi 2 mois de silence de la part de ma famille, sauf mon père qui m'envoyait des" ce serait bien de reparler à mamie " de temps à autre.

Puis est arrivé l'opération.

Ma grand mère m'a laissé un message sur mon répondeur disant" tu nous tiendras au courant quand même, parce qu'on est tes grands-parents alors on a le droit de savoir". Mon père est venu me voir pendant mon hospitalisation. Ses premiers mots en passant la porte furent "Bon bah maintenant que tu vas mieux, tu vas pouvoir retourner bosser" quand je lui ai ré expliqué pour la énième fois que j'avais 2 mois minimum d'arrêt, il m'a dit "mais tu viens quand même pour Noël, hein ?" j'ai répondu que non, je ne pouvais pas faire autant de route 3 semaines après l'intervention avec les points.

Puis il a tenté de comparer nos situations en disant, je le cite : "toi et moi on est exactement dans la même situation, si demain je me casse le bras, je ne peux plus bosser et je n'aurais pas d'indemnités en tant qu'artisan".

Mon père est patron de son entreprise depuis 20 ans, il vit dans une belle maison de plus de 200 m2 dont il est propriétaire, possède également un appart qu'il loue, il roule dans une audi neuve qu'il s'est fait livrer de l'étranger et il garde 20k en liquide dans un coffre chez lui.

Je ne jalouse pas sa réussite, je suis très heureuse pour lui, mais venir dire à sa fille étudiante handicapée fauchée qui vient de perdre son intestin qu'on est EXACTEMENT dans la même situation... Je trouve ça un peu fort.

Il a également trouvé le moyen de me dire lors de cette visite "j'ai lu quelque part que ta maladie était lié à un conflit mère-fille non résolu" encore une petite balle gratuite pour ma maman qui n'était toujours pas là pour se défendre...

Il a aussi choisi ce moment précis pour arrêter la pension. Je n'avais droit à rien alors je me suis retrouvée alitée 2 mois sans aucune ressources personnelles.

À ma sortie de l'hôpital j'ai fait un abcès à mes points. Rien de très grave, juste une belle frayeur et quelques semaines d'antibios en plus.

Ma grand-mère s'était mise à m'envoyer des messages très mielleux tous les jours, ce qui me stressait énormément. Je n'aime pas l'hypocrisie, alors recevoir des choses comme "reposes toi surtout, la santé c'est le plus important" après ce qui s'était passé me faisait grincer des dents.

Je lui ai donc fait un message, expliquant que je n'avais jamais reçu d'excuses de sa part pour mon anniversaire et que, sans cette démarche, je ne souhaitais plus communiquer directement avec elle.

Dans les minutes qui ont suivies, j'ai eu un appel furax de mon père. "non mais c'est quoi ce message de merde que t'as écrit à mamie ?!"

J'ai eu droit à 45 minutes d'insultes, allant de "tu es une déception, t'entends ? Je suis déçu de toi" à "t'es vraiment qu'une petite ingrate, après tout ce qu'on a fait pour toi !" avec son lot de "tu te victimise", "tu vas finir seule", "t'es resté le cul entre deux chaises pendant un an", "tu es puérile et rancunière", "ta santé t'as que ça à la bouche", "tu vis au travers de ta maladie", "tu t'es servi de ta santé comme d'une excuse pour ne pas venir à l'anniversaire de ta sœur" (pour celle-là, j'étais aux urgences, sous respirateur, et il le sait) "tu te sers de ta chirurgie comme d'une excuse pour ne pas venir à Noël" et bla et bla et bla....

On s'est rappelé quelques jours plus tard pour "s'expliquer" et globalement, il a maintenu chacun des propos cités plus haut, rajoutant qu'avec mon compagnon nous ne sommes pas un vrai couple puisqu'il ne m'assume pas financièrement à 100%.

J'en ai profité pour lui dire que je ne peux plus les blairer, ni lui, ni sa copine, ni ma grand-mère, que ça fait des années que je me coltine leur comportement et remarques validistes et qu'aujourd'hui, à moins d'excuses sincères et d'une vraie remise en question, je ne les veux plus dans ma vie.

C'était donc à Noël dernier. Depuis, est-ce que l'un de ces 3 personnages se seraient remis en question ? Que nenni.

Ma grand-mère pour commencer, m'a envoyé par message que j'étais devenu moche (c'était gratuit) j'ai donc bloqué ses messages. Ensuite, elle a trouvé des postes sur fb sur des groupes de soutien pour la pma et s'est mis à répondre à mes commentaires avec des "il serait peut-être temps de faire la paix avec ta famille !!!!!!!" avant de poster des choses du genre "dommage que X nous ignore, plus tard, elle regrettera" mention spéciale à mon père qui met des petits soutiens à ce genre de post. Bref, j'ai bloqué mamie.

Mon père lui, m'envoie soit des reproches "t'as souhaité la bonne année à personne et t'as zappé l'anniversaire de ma copine" soit des jérémiades "je ne mérite vraiment pas ça, j'ai toujours été là pour toi". Messages que j'ignore sur conseil de ma psychiatre.

Ma belle-mère elle, ne me parle pas directement mais va raconter des saloperies à mes petites sœurs, disant des choses comme quoi je suis ingrate et que elle, (ma sœur) n'a pas intérêt à faire vivre une chose pareil à mon pauvre paternel.

J'ai continué ma vie. J'ai trouvé un boulot, j'ai peut-être même une place pour un master dans la filière que j'aime à la rentrée.

Avec mon compagnon on va se marier dans quelques mois et suite à notre seconde fiv j'attends un petit garçon.

Moralement tout allait très bien jusqu'à ce que je reçoive un mail accablant de la fille de ma belle mère, disant qu'à cause de moi mon père est "abattu" que la famille est détruite, que j'ai eu une réaction excessive et qu'elle ne souhaite plus de lien avec moi (ce qui m'étonne parce que nous n'avons jamais été vraiment liées.)

Apparemment sa petite sœur est venue vivre dans la même ville que moi et ne veut plus de contact avec moi non plus. Là encore, en 5 années j'ai dû la voir 3 fois donc bon...

Mes sœurs à moi ne veulent plus non plus voir notre père, l'aînée n'y va plus du tout et la plus petite à fait réduire le temps de garde et la famille me blame pour ça. Je suis traitée d'insensible pour les avoir mis en sourdine sur mes réseaux sociaux et ne plus leur donner de détails de ma vie.

J'ai répondu à son mail en y apportant ma version de l'histoire, mais depuis, toute cette histoire me tracasse. J'ai l'impression d'un bras de fer sans fin.

Je ne veux plus jamais être traitée comme je l'ai été. C'est la deuxième fois de ma vie que je vis quelque chose de très grave et que ma famille m'enfonce, je ne trouve pas ça tolérable mais à part la politique du silence j'ignore quoi faire, ni si je fais bien.

Par moment j'ai l'impression d'être juste vue comme mesquine et sadique et je trouve ça injuste parce qu'avant tout ça, je faisais tous les efforts du monde pour eux. J'allais les voir tous les mois, j'appelais mon père toutes les semaines... Je faisais mon maximum pour entretenir ce lien familiale.

Pour les quelques courageux qui m'auront lue jusqu'au bout, après tout ça, STB de garder le silence ?